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La Disparition d’Hervé Snout
Olivier Bordaçarre

Editions Denoël 2024

Gustave a vécu le pire de ses premiers jours à ses douze ans, ce qui a fait de lui un être brisé, définitivement inadapté, fragile. Gabin, son frère adoptif, l’a pris sous son aile. Gabin, belle et grande gueule, qui défend la différence de son frangin avec une constante fidélité.
Hervé Snout est une ordure, un chefaillon imbu de lui-même. Comme tous ses semblables, il a un radar infaillible pour repérer les plus vulnérables, et prend un malin plaisir à les maltraiter.
Gustave et Gabin travaillent sur la même chaine d’abattoir. Et Snout, le patron, les surveille depuis sa fenêtre de bureau en vigie.
Un soir, celui de son anniversaire, le sieur Snout ne rentre pas chez lui. Qui cela chagrine-t-il vraiment ? Pas sa fille qui court sans cesse pour trouver de la légèreté à sa vie. Pas vraiment son fils, qui pense surtout à se faire une fille, sa première, de gré ou pas… et surtout pas sa femme qui n’aime plus guère l’homme mais tient beaucoup à son standing.
La disparition de Snout est un mystère pour sa famille, le genre de mystère dont on ne se relève pas vraiment. C’est aussi une enquête policière et la description des équipes de police de la petite ville où se situe l’action est savoureuse. C’est enfin l’occasion de vous raconter la bêtise crasse de certains, la cruauté qui s’étend des animaux aux humains le temps de rien. Et enfin, ce roman est une bonne raison de devenir végétarien. Les explications détaillées sur la façon de mettre à mort les bêtes que nous mangeons va vous couper l’appétit un moment, garanti !
Ce roman possède d’immenses qualités, et chacun de ses personnages acquiert, en quelques lignes parfois, une épaisseur rare. L’épanouissement de la fille de Snout, débarrassée de son père, vers l’amour enfin révélé, en est un exemple touchant.
Par ailleurs, ce qui ne gâche rien, on ne peut s’empêcher de sourire, de frémir, de retenir un frisson de dégout parfois, tant les situations, aussi improbables paraissent-elles, résonnent d’une vérité légèrement décalée.
Dans un style simple mais avec une construction d’une grande fluidité parée d’un côté néanmoins implacable, Bordaçarre vous tricote un scénario parfait. Il ne déteste pas glisser à peine, à peine, vers une certaine absurdité plaisante, un humour très noir, perceptible dans les situations, les dialogues, le cynisme réjouissant des personnages dont l’épouse est un exemple parfait de femme frustrée dont le portrait m’a résolument amusée.

Tag(s) : #critiques, #accueil, #polar français
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