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Par Roger Martin
LA PATIENCE DE L’IMMORTELLE
Michèle Pedinielli
L’Aube noire / 230 p 17€90
En trois romans, l’autrice s’est imposée comme une des plumes féminines les plus originales du roman noir français. Détective privée improbable mais convaincante, féministe mais pas intégriste, Corse mais pas caricaturale, son héroïne, Ghjulia Boccanera, dite « Diou », se voit quasiment obligée de revenir au pays pour tenter d’élucider le meurtre de la nièce de son ancien compagnon. Un retour qui n’est pas si simple, entre souvenirs d’enfance, secrets de famille, silences pesants, fausses pistes, dans le décor âpre et superbe de l’Alta Rocca. « En étrange pays dans mon pays lui-même » écrivait Aragon et ce vers m’est immédiatement venu aux lèvres en dévorant ce roman où la violence, la corruption, la spéculation, thèmes classiques du roman noir, ne sont pas que figures imposées et dont la personnalité de l’enquêtrice, sa liberté fantasque, son sens de l’humour et une autodérision réjouissante, comme l’omniprésence d’un décor tour à tour angoissant et sublime, font un petit bijou.