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Pleine Balle
James Holin

Editions du Caïman 2021


Vous en avez assez de la tarte à la crème du serial killer poursuivi par le flic à peine moins psychotique dont il a torturé la famille ? À qui le dites-vous... En règle générale, les thrillers fonctionnent sur la même trame et sauf à ce qu’ils se déroulent chez les pingouins du Groenland (ou les manchots, je ne suis pas sectaire...), je ne vois pas trop ce qui pourrait encore exciter mon intérêt de lectrice... N’est pas Ellroy qui veut.
C’est pourquoi je me délecte des p’tits polars qui se cachent dans les coins. Loin de la grosse cavalerie dont parlent les media, dans les petites maisons qui n’ont de petit que la taille. Quel que soit son talent, ce n’est pas l’attaché.e de presse qui fait le roman.
Si vous partagez cette lassitude pour les pavés formatés qui tendent des embuscades en tête de gondole alors que les premiers rayons printaniers donnent des idées de vacances, alors n’hésitez pas à vous fourvoyer dans les contre-allées où nichent les talents originaux.
Il a été édité chez Ravet-Anceau au temps jadis où ces nordistes faisaient dans le bon polar, le voici au Caïman, c’est James Holin, inclassable, cynique, drôle quand on apprécie l’humour noir, jamais là où on l’attendrait.
L’intrigue est simple : un flic obsédé par un malfrat va tout faire, sacrifiant à sa poursuite ses liens amoureux, ses hommes, son avenir... Je ne divulgacherai pas davantage. Le flic en question, surnommé Camerone, présentant toutes les caractéristiques du Beau Ténébreux, on sent l’affaire dramatique avec ressort psychologies profonds... Et puis, non... pas du tout... Au contraire. La sympathie qu’on pourrait avoir pour lui fond au fur et à mesure d’un road movie infernal sur les petites routes enténébrée et verglacées de l’Oise et de l’Aisne... Quant à la mâle équipe d’enfouraillés parfumés à la testostérone, (comprenant une capitaine) l’évolution de l’intrigue nous mène davantage vers les Pieds Nickelés que vers une description de bacqueux à la gâchette facile.
Unité de temps : une seule nuit. Unité d’action : une poursuite insensée, et presque unité de lieu : l’habitacle d’une 508 de fonction... la tragédie moderne se met en place. Mais Holin ne peut s’empêcher de coller un nez rouge à la camarde. Aussi attendez-vous à plus d’un développement inattendu.
Une lecture rafraichissante, si j’ose dire (compte tenu qu’il gèle mortellement pendant tout le roman) qui confirme ce que j’avais découvert en préparant avec l’auteur une réédition d’un roman pour l’été chez Ska (qui s’intitulera Chalutage en eaux troubles et que je vous recommande par avance)  : voilà un homme à la noire fantaisie bien plaisante. 

 

Tag(s) : #critiques
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