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Ecoute les Cloches
Laurence Biberfeld

Editions Au-delà du Raisonnable 2017

Elles sont célestes les cloches de Laurence Biberfeld. Flicka l’énorme, Léon l’immense, Taddéo l’ange, Salpétrière l’amoureuse insatiable, Bois Pourri le loqueteux…

Ils dorment sous le pont Sainte-Marie. Ils picolent, se bourrent de cachetons et de poudres diverses, tant qu’ils peuvent. Il faut bien ça pour supporter la vie. Leur vie, faite de mendicité, d’humiliations, de violences mais aussi d’amitié et d’entraide.
Tandis qu’ils luttent contre la misère, victimes d’une crasse endémique et de parasites affamés, en certains hauts lieux, on se lasse de guetter le retour de l’ordre avec un grand O. Alors… le plus simple n’est-il pas de créer un maximum de désordre pour mieux justifier le bruit des bottes ?
Sauf que les barbouzes peuvent tomber en amour comme d’autres dans l’eau froide de la Seine : par surprise.
C’est connu : les rouages des machines les mieux huilées peuvent souffrir de grains de sable, surtout lorsqu’ils se répandent par contagion foutraque et joyeuse.
On a beau savoir que l’alliance des putes, des punks à chien et des miséreux a peu de chances de se produire, la verve insolente et joyeuse de Laurence Biberfeld arrive à nous faire croire au grand soir de la misère, à la vengeance des pauvres, à leur accession à la dignité. S’il faut pour ça casser du flic et mettre le feu à Paris, pourquoi pas ? disent ses personnages. Et avec l’auteure, on savoure chaque mot, chaque péripétie.
Le style fait la part belle aux jeux de langage, à l’argot, à la grande bousculade des mots. Quelle virtuosité ! Quel éblouissement : une jonglerie toujours au bord de la chute et en équilibre instable vous pince le cœur à chaque page.
C’est du grand art : Laurence Biberfeld entre dans la maturité de son écriture, elle a ouvert ses propres champs d’expérimentation, et s’y répandent son humanité, son amour des pauvres et des déclassés.
Voici une littérature noire de la plus belle espèce : un velours noir riche et velouté. À ne rater sous aucun prétexte.

 

 

 

Tag(s) : #critiques
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