Les mots qui touchent

Elena Piacentini est une auteure de talent et ses compliments touchent au plus profond.

Lire le roman d'une amie n'est pas une mince affaire. L'affection et l'estime, me concernant, ne sauraient être remises en question par une lecture en demi-teinte. Mais tout de même, on préfère aimer les histoires de ceux que l'on aime. L'auteure Jeanne Desaubry ne m'a pas déçue. Mieux, elle m'a conquise. Dans "Point de fuite", elle livre un récit autobiographique qui évite l'écueil du pathos en distillant des émotions que j'ai entendues chantonnées par Agnès Obel. Elle réussit le tour de force d'entraîner le lecteur dans l'intimité douloureuse d'un deuil sans faire de lui un voyeur. Elle le plonge dans l'envers du décor d'une enquête, du côté de celle qui, perdant pied et toutes certitudes attend des réponses... et un enfant dont le père vient d'être assassiné. Elle dresse le portrait acide d'un milieu dont les bons sentiments exhibés masquent sècheresse, individualisme, mesquinerie et hypocrisie. Elle se met à nu avec une dignité qui invite au respect parce, jamais, elle ne force la note. C'est juste, authentique, précis, vibrant, pudique et touchant de bout en bout. Et en refermant la dernière page, on dit "merci" à l'auteure de nous avoir fait plus encore aimer la personne. Pour son humanité, sa candeur, son courage.