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bluejayway.jpgBlue Jay Way
Fabrice Colin
Sonatine Éditions, 2012

Blue Jay Way, ce n’est ni un personnage, ni une ville. C’est le nom d’une villa si immense qu’on peut s’y perdre, dont les ailes sont reliées par un pont de verre au dessus d’une piscine émeraude. Enchâssée dans les collines désertiques au-delà de Beverly hills, Blue Jay Way est plus fastueuses que la maison de Mickael Jackson, plus protégée que la villa de Tom Cruise, plus cachée que celle de Di Caprio. Pour son propriétaire, producteur richissime, elle se doit d’être « plus tout » que toutes les autres demeures de cet Hollywood fou, car elle incarne le symbole d’une archi réussite. Aux fêtes qu’il y donne on croise les stars les plus bankables, de la télé, du cinéma, de la musique et même de l’édition. On y boit beaucoup d’alcool de toutes natures, on y fume tout ce qui se fume, on s’y pique avec tout ce qui peut couler dans les veines d’un humain.

De fait, ce lieu est le point névralgique d’un roman étrange qui commence sur la psychose américaine relative au 11 septembre. Quand on passe aux chapitres suivants, on est tout d’un coup porté dans le milieu éditorial new-yorkais, en pleine interrogation sur la création littéraire. ¨Puis, nous voici par la suite embarqués dans un étrange période du livre, où le rythme est celui imposé par cette villa où se meut une faune abracadabrante (sque). Le héros, écrivain en recherche de lui-même, amoureux désespéré, tourmenté par sa chair et les innombrables tentations de son époque, est recruté comme nounou – précepteur d’un jeune adulte camé, bousillé par sa participation à une série de téléréalité…
On entre alors dans une nouvelle période du livre marquée par les excès de toute sorte, les personnages non crédibles, tout passe en force, on finit aussi soulé que si on avait consommé une partie des innombrables substances illicites présentes dans la villa.
Ces dérives restent cadrées par le récit d’événements anciens, dont peu à peu les liens se précisent avec le présent. Dans ce passé, l’on voit naître un parfait psychopathe en même temps qu’on assiste au lent naufrage d’un enfant dans une shizophrénie qui va culminer à l’âge adulte

Sans doute y a t-il trop de choses dans ce roman : la partie contemporaine, en particulier, pourrait être davantage condensée, le personnage central exaspérant parfois par sa paresse, son incapacité à prendre des décisions (à part les très mauvaises…) qui fait qu’on traine sans but à sa suite.

 

Il n’empêche qu’il recèle aussi quelques pépites, en particulier l’étude du psychopathe et de ses innombrables déguisements. Sans crier au génie, on peut dire de ce roman qu’il offre une étrange peinture de notre époque, sans illusion, et sans guère d’espoir, dissimulée derrière les couleurs chatoyantes délivrées par les écrans omniprésents du grand tout médiatique.


Tag(s) : #critiques
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