L’actualité vient d’insister sur une évidence : on n’écrit pas du polar sans être doté d’un regard critique sur notre époque, sur la société dans laquelle on vit. Et certains n’hésitent pas à passer de l’écriture à l’action.
Cela a été le cas, récemment, de deux auteurs connus du grand-public.
Il y a ainsi Henning Mankel, qui se trouvait présent sur un des bateaux récemment arraisonnés dans les conditions que l’on sait par l’armée israélienne. Vivant, on le sait, mi en Suède mi en Afrique, Mankell est citoyen du monde. En se rasant le matin, il ne fait pas le compte de ses ambitions. Il se demande ce qu’il pourra faire pour l’améliorer.
A lire à ce propos l’article de Hubert Artus sur son blog « cabinet de lecture ».
D’une autre manière, James Lee Burke fait partie des écrivains qui s’expriment clairement sur les dégâts commis depuis des années dans les marais de Louisiane, bien avant cette fichue plate-forme pétrolière, par BP, mais aussi toutes les compagnies pétrolières. En chantre des beautés du bayou, depuis des années il raconte la pollution, et il enrage aujourd’hui de voir les politicards se prendre les pieds dans leurs contradictions. En effet, l’aspiration légitime de ceux qui réfléchissent au moins deux minutes par jour à la survie de la planète et à l’avenir de l’humanité pèse peu. Besoin de fric pour les campagnes électorales, protection de l’emploi, dans le contexte du libéralisme exacerbé d’un pays refusant de limiter sa consommation en pétrole, et politique d’autosuffisance motivée par la crainte des pays arabes. Bien sûr, on verse des larmes de crocodiles –pas ceux du bayou… ils sont morts ou mourants- devant les images médiatisées des pélicans mazoutés, mais fondamentalement, on s’en fout. Dégât collatéral…
Il s’exprimait dans Télérama récemment.
Ces deux hommes sont estimables, pas forcément pour le contenu de leur discours ou pour les formes de leur combat, mais parce qu’ils pensent, mais parce qu’ils se battent pour ce à quoi ils croient quand tant d’autres se couchent et attendent.
Pour cela, et pas seulement parce qu’ils sont en plus dotés d’un grand talent, je les salue et les respecte.