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Généalogie du Mal
Jeong Yu-Jeon

Editions Piquier Poche 2020


Mal, maladie, « ma maladie de chien » comme l’appelle tout au long de ce roman Yujin, le héros. Coréen (du Sud…) 26 ans, ancien espoir de natation, vivant avec sa mère sous surveillance constante. « As-tu pris tes médicaments ? » « Sois rentré pour 21 heures… »
De temps à autre, dans une ville de bord de mer fantomatique, nouvelle mais inachevée, Yujin s’enfuit dans la nuit. Pour cela il doit s’échapper par la terrasse du duplex qu’il habite au sommet d’une des rares tours terminées de son quartier.
Ce matin-là , Yujin se réveille dans son lit, couvert de sang, de manière apparemment incompréhensible pour lui. Totalement amnésique comme souvent après une « crise », il a perdu tout souvenir des heures de la nuit. Le corps de sa mère, égorgée dans la cuisine, ne lui apprend rien. Où est le tueur ? Qui est-il ?

Ce qui m’a paru du plus grand intérêt dans ce court roman, c’est le mode narratif choisi. S’il est écrit à la première personne, rien ne dit cependant que le héros ne se ment pas comme il ment constamment aux autres. Et ainsi le lecteur est-il baladé au cœur même de « la maladie de chien » de ses tourments, de ses erreurs, de ses ruses, de ses justifications et de sa perversité néanmoins parfois teintée d’une fragilité touchante.
L’avancée assez chaotique dans la révélation de la vérité est intrigante autant que glaçante. Yujin est-il un prédateur psychopathe comme le prétend sa tante psy ? Ou bien cette femme malfaisante a-t-elle manipulé sa sœur pendant des années, l’amenant à abrutir Yujin de médicaments ? Qu’est-ce qui a motivé ce traitement atroce qui épuise le jeune homme ? Et pourquoi sa mère ne parle-t-elle jamais du frère aîné et du père disparus des années auparavant ?
Une révélation après l’autre, on avance dans l’histoire et la psychologie de Yujin jusqu’à la dernière page qu’il ne faut surtout pas lire avant le reste du roman, ce que font certains, car tout s’y éclaire d’une terrifiante manière.

Météo, cuisine, vie quotidienne, description sociologique : ce roman coréen a une manière bien à lui de vous dépayser et de vous faire frémir.
 

Tag(s) : #critiques
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