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Dernier Appel pour les Vivants
Peter Farris
, traduit par Anatole Pons
Editions Gallmeister 2015 et 2020


Qui est vivant, qui est mort ? Peut-on être les deux à la fois ? Peut-on être un taulard raté ? Ce sont quelques-unes des questions existentielles que se pose Hicklin alors qu’il double les Aryan Brothers et, n’hésitant pas à défourailler, réalise seul un casse prévu avec d’autres ex taulards.
Monté en prison par des caïds, l’argent récupéré dans la petite banque de Junction City devait être partagé entre les casseurs, bien-sûr, mais une part non négligeable était destinée aux têtes rasées des fraternités blanches qui font régner leur terrible loi dans les prisons du nord au sud des Etats-Unis.
C’est donc une fuite en avant suicidaire qu’entame Hicklin, car il le sait, il sera toujours retrouvé, quel que soit le bled dans lequel il ira se cacher. Certes les forêts abondent, les cabanes de chasseurs sont parfois presque confortables, mais il faut bien s’approvisionner : particulièrement en liquide dont il fait une grande consommation. Et en tabac.  Et en munition. Car défouraillant à toute occasion, Hicklin ne fait pas de détail. Ainsi la malheureuse directrice de la succursale qu’il attaque est-elle abattue pour un regard. Et tout le monde de s’étonner qu’il reparte avec un otage. Lui, le premier. Et quel otage : une sorte de surdoué passionné par les fusées dont il construit des modèles réduits qu’il envoie dans le ciel, mais quasi handicapé dans ses relations sociales. Ces deux-là vont construire une relation ambigüe et particulière.
Bien-sûr, Hicklin est poursuivi, puis rattrapé par d’anciens frères. Pour qui la mort a le parfum du quotidien, pour qui la violence est un habit taillé à leurs mesures. Tellement fatale que le lecteur ne s’émeut qu’à peine du sillage de sang et de tripes répandu derrière eux.
Certes Farris triche un peu, brodant une fable dans laquelle le destin fait un pied de nez, mais c’est une part évidente, aisément pardonnable, d’une trame narrative à la richesse par ailleurs étonnante.
On meurt beaucoup, vous l’aurez compris, on saigne, on pleure, on vomit, on fornique, on souffre. Mais le rythme de l’écriture vous balance ça dans les dents presque comme une ballade country.
Farris n’écrit pas pour les chochottes, on le sait. Il semble avoir semé dans ce roman tout ce qui annonçait Le Diable en Personne et plus récemment Les Mangeurs d’Argile.
Dans la lignée des Whitmer et d’une certaine manière Ellory, Farris ne fait aucun cadeau à son lecteur qui cependant l’en remercie.

 

Tag(s) : #Livre Numérique, #critiques
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