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Terminal 4
Hervé Jourdain
Fleuve noir 2020
Bastion : Ouvrage de fortification faisant saillie sur l'enceinte d'une place forte. C’est le point de vue de monsieur Larousse. Selon Hervé Jourdain, s’il n’y a plus guère de place forte, parfois ses enquêteurs sont contents de retrouver les murs du « Bastion »après une arrestation ou une tentative d’enquête dans un point chaud de la capitale ou de la banlieue. On l’a compris, ce bastion, c’est le nouveau 36, siège entre autres de la brigade criminelle, boulevard des Batignolles.
L’équipe dont on suit les recherches est réduite. Un homme, deux femmes, proches les uns des autres à force de partage d’un quotidien compliqué. Quand leur échoit une enquête sur un « barbecue » (une voiture cramée, un corps dedans) c’est un début d’enquête en pleine obscurité enfumée qui les attend.
La jeune femme retrouvée carbonisée dans un coffre de voiture est d’abord un mystère. C’est toute la force du commandant Jourdain de vous emmener à la découverte de la victime, cette connaissance étant seule à même de conduire à son meurtrier. Connaissant la procédure mieux que quiconque et pour cause, l’auteur ne nous en fait néanmoins pas son axe principal. C’est un support bien vu, et la difficulté du métier de flic, ses errances, ses abus, ses espoirs déçus et ses avancées fulgurantes qui fait le sel de ce roman. Et le mélange des affaires, qui se bousculent, les résultats des labo spécialisés qui se font attendre, la hiérarchie qui appuie...
Présent en filigrane, avant de devenir le plan en béton qui soutient intelligemment les 315 pages du roman, la vie mystérieuse de Roissy, cet immense aéroport dont nous pénétrons les coulisses.
Ayant lu ce roman, je suis certaine que je ne regarderai pas les aérogares du même regard la prochaine fois que je prendrai l’avion (une fois par an, pas plus, c’est une promesse).
Le rythme de staccato d’Hervé Jourdain, un peu exagéré peut-être au début, s’assouplit à partir de la mi roman, sans pour autant donner dans le bavardage, mais laissant au moins son lecteur respirer un coup entre deux phrases.
Avec ce sixième roman, Hervé Jourdain assoit davantage sa position : pas une belle gueule paradant sur les plateaux, éclairé par son passé de flic sur le terrain, mais un auteur humaniste, solide, sachant jouer de la rigueur des procédures et des émotions de ses personnages dans un mélange plaisant et instructif.