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Lost Man
Jane Harper traduite par David Fauquemberg
Calmann Levy 2019

Pour qui a suivi les deux précédents épisodes, Canicule puis Sauvage se déroulaient déjà en pleine nature, dans  le bush australien. En été puis en hiver. Ici, Jane Harper nous entraîne dans l’outback.  La région la plus chaude de l’Australie, où la survie hors de son véhicule climatisé est estimée à environ six heures le jour. Un peu plus la nuit, mais d’autres dangers  rodent alors : serpents, ravins, bref, une région hautement  inhospitalière.
Nathan est éleveur. Il habite seul, rigoureusement, au point de ne parfois pas prononcer un mot plusieurs semaines d’affilée. Il a pour plus proche voisin son frère et la famille de celui-ci, à… trois cents kilomètres de là. Trois cents kilomètres de piste essentiellement, au travers d’une région désertique. La découverte de son cadet, mort de déshydratation auprès d’une stèle dressée en souvenir d’une autre victime du désert pose beaucoup de questions. La voiture est retrouvée, en bon état, pleine de vivres et d’eau à neuf kilomètres de là. Mais dans cette région hostile à l’homme, l’exploit de cette marche sous le soleil meurtrier est impensable.
La narration s’articule, comme d’habitude avec Harper, autour du passé, le plus récent mais aussi le plus ancien. Toutefois, cette alternance est ici plus cachée, suivant en cela le chagrin sinueux de Nathan dont l’attachement à son frère n’est pas univoque. Cameron était-il celui qu’il donnait à voir ?
L’action se situe sur quelques brèves journées dont la description permet au lecteur de découvrir un mode de vie totalement exotique. L’école par internet, les distances impensables, l’extrême solitude, le bétail à demi sauvage. Les relations se tendent à l’extrême dans ces conditions difficiles. La violence est implacable : c’est d’abord celle de la nature, relayée par les hommes… et les femmes.
Si la narration est plus classique que dans Canicule ou Sauvage, l’épaisseur des personnages, tant centraux que secondaires,  se révèle exceptionnelle. La grande sensibilité de l’auteur permet une descente en profondeur dans la psyché troublée du héros et l’émotion est palpable à chaque page.
Au service d ‘une intrigue absolument impeccable, le style est dénué d’inutile pathos et vous ne verrez pas venir le dénouement qui vous trouera le cœur.
Après la campagne profonde, un futur roman nous emmènera-t-il un jour à Melbourne ou Adelaïde ? Ces trois réussites donnent envie de continuer à voyager en Australie avec Madame Harper.

 

Tag(s) : #critiques
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