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Celle qui en savait trop
Linwood Barclay
traduit par Renaud Morin
Belfond Noir 2016 et poche

Keisha Ceylon, quand elle n’a pas d’autre boulot, fait des ménages. C’est pénible, peu rémunérateur, inférieur à ses besoins car elle élève seule un enfant. Enfin, depuis qu’elle a rencontré ce fainéant de Kirk, tristement peu doté de cerveau, elle doit l’entretenir aussi. De plus, le gars, entre autres éminentes qualités, biberonne pas mal de bière.
Bref, pour faire face aux temps qui sont durs, Keisha entube, arnaque, dépouille les crédules qui se font lire les lignes de la main ou prédire l’avenir. Là où ça devient potentiellement d’un bon rapport, c’est quand elle arrive à se faufiler auprès de malheureux qui ont perdu un proche. Ce sont de grosses coupures qui tombent dans son escarcelle… surtout quand les disparus n’ont pas vraiment disparu.
Pour son malheur, Keisha est maligne, mais elle a plutôt bon cœur malgré son cynisme. Un beau jour, enfin, pas si beau, elle va s’approcher trop près de la vérité. Toutes les polices du monde savent bien ce à quoi Keisha aurait dû réfléchir davantage : dans 80% des cas, lorsqu’il y a meurtre, il faut interroger les proches. Et en cas de disparition, c’est évidemment aux familiers que Keisha propose ses services. CQFD…
Ce court roman n’est pas une œuvre majeure de littérature étrangère, mais franchement, sa légèreté m’a apporté un grand plaisir. Barclay prend une situation de départ un poil opportuniste, un personnage de femme débrouillarde, puis, tel un rubik’s cube, va tournicoter l’intrigue dans tous les sens, tirant de la situation absolument tout ce qu’il est possible d’en extraire comme rebondissements, surprises, suspens et toutes les dérives romanesques sont autorisées. Le ton est léger, l’humour grinçant mais pas trop épice juste ce qu’il faut, saupoudrant un cynisme si humain, n’insistant pas trop comme par politesse pour son lecteur
Vous vous attacherez forcément à Keisha, malgré son manque de moralité et son opportunisme, d’abord parce que c’est une pauvre femme seule et qu’il faut bien se débrouiller, et ensuite parce que c’est une mère aimante.
Il y a dans ces pages une légèreté qui me rappelle certains romans de Westlake dans sa série Dortmunder. Une vraie référence, donc.
Un petit poche pour sourire en des temps bien sombres.

 

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