Maalox ou Smecta ?

Le Tricycle Rouge
Vincent Hauuy
Hugo Thriller 2017

Ce roman est un très grand mystère pour moi ! Tant comme lectrice que comme auteure, je m’interroge sur ce qui peut rendre ce Tricycle Rouge tout à la fois intéressant et incroyablement indigeste.
C’est un premier roman. L’auteur, dont la quatrième nous dit qu’il est concepteur de jeux vidéo, est en effet passé maître dans l’art de créer une intrigue extrêmement riche : rebondissements, niveaux de déroulement temporel, interrogations… Suspens, action, sentiments.
Bref, il y a tout. Il y a même un jeu intéressant avec le vocabulaire. Vous aurez forcément besoin de vous référer une fois ou l’autre à un dictionnaire, à moins d’être très, très, fort en mots croisés. Vésanie, obombré, hubris et j’en passe… Mais…
Tout système a ses limites. Les qualités décrites  sont celles de techniques mises en œuvre pour raconter une bonne histoire. À mon grand regret, l’auteur doit être lecteur assidu de Stephen King, Maxime Chattam et toute cette école du gore inflationniste. (Au moins King a-t-il le mérite d’avoir été le premier à allumer ce flambeau).
Bref, l’auteur en fait trop, des tonnes, épaississant le trait à l’envi, nous assénant des scènes de crime archi sanglantes, et un style de la même eau. Corbeaux forcément malveillants, cieux obligatoirement lourds et méchants définitivement trop forts… à tel point qu’on ne sait plus qui est méchant ou pas.
Je n’irai pas jusqu’à dire que je me suis ennuyée : mais ce roman m’a rappelé pourquoi je n’aime finalement pas le thriller : le style, le style… trop souvent le style est absent ou indigent.  Pas de lecture passionnante sans du style et les auteurs de thriller sont trop concentrés sur l’intrigue. Ici, on a une tentative louable avec le jeu sur le vocabulaire mais qui ne contrebalance un poids d’un mauvais gout fatigant.
Bref, on peut définitivement s’en passer. La rentrée est prolifique, comme tous les ans, mais riche de mieux que cet ouvrage pesant.